Un matin que le poète s’est levé maussade, le cri « perçant, discordant » d’un vitrier monte jusqu’à lui « à travers la lourde et sale atmosphère parisienne ». Il est alors pris à l’égard de « ce pauvre homme d’une haine aussi soudaine que despotique ».

Le personnage du vitrier et celui du narrateur évoluent dans une perspective quasi schizophrénique entre les différents espaces qui se dessinent grâce à l’audio spatialisé. Autant extérieurs qu’intérieurs, ces espaces nous promènent entre la cacophonie de la rue, les hauteurs de l’escalier, ou encore la psyché du personnage, le tout structuré par un travail sonore autour du verre, allant de sa brillance et de sa musicalité à sa froideur et son tranchant.

« La réalisation de cette fiction s’est déroulée avec cette idée en tête : sublimer le réel. Chaque passage, musical ou fictionnel, provient d’enregistrements effectués pour l’occasion. Nous avons commencé par écrire notre trame narrative puis nous avons constitué un corpus de sons. C’est notamment grâce au travail autour des sons de verres, tantôt entrechoqués, frappés, grattés, brisés, à leur découpage et leur transformation, que nous avons pu fabriquer le paysage sonore onirique qui se superpose à la rue, à l’immeuble, et à l’action qui s’y déroule. Écrite dès le départ pour un format d’écoute spatialisé sans avoir recours à la synthèse sonore, tout l’enjeu était de réussir à déformer suffisamment ces textures pour les faire basculer dans l’onirisme, tout en gardant un pied dans la réalité.

Un autre enjeu de création a été le choix de la voix de notre personnage. Nous avions envie de faire appel à un seul comédien pour incarner les deux personnages de la fiction, afin d’assumer le côté étrange de leur psyché. Sont-ils réels ou bien n’existe-t-ils que dans la tête de l’un des deux ? »